Jiří Kájínek, condamné à perpétuité il y a 23 ans, gracié par Zeman

Le chef de l’État avait promis sa grâce présidentielle pour cet homme qui a été condamné pour double meurtre en 1998.

Jiří Kájínek, condamné à la perpétuité pour double meurtre en 1998, est sorti hier de prison après avoir reçu la grâce présidentielle de la part de Miloš Zeman. Il clame son innocence depuis son arrestation en 1995, pour une affaire de règlement de comptes datant de 1993. Cette année-là, le 30 mai, un entrepreneur et l'un de ses gardes du corps sont tués par balles. L'assassinat aurait été commandité par un autre chef d'entreprise, dans le cadre d'un règlement de compte entre gangs.

Arrêté en février 1994, Jiří Kájínek est accusé d'avoir abattu les deux hommes et reconnu coupable le 23 juin 1998 par le tribunal régional de Plzeň. Il est alors condamné à la prison à perpétuité. Entre 1999 et 2015, il effectue de multiples demandes pour casser le jugement mais les voit rejetées, tant par le tribunal de Plzeň que par la Cour constitutionnelle. Des irrégularités sont toutefois constatées dans l'enquête réalisée initialement et trois ministres de la Justice ont déposé des plaintes en ce sens, qui ont toutes été rejetées. L'homme est également connu pour ses multiples évasions : en 1994, il s'échappe de sa détention provisoire mais est rapidement repris. Il s'échappe à nouveau en 2000, avant d'être arrêté de nouveau quelques mois plus tard. En 1996, une autre tentative d'évasion a échoué.

Au début du mois, le président Miloš Zeman a annoncé vouloir accorder sa grâce à Jiří Kájínek. Il explique sa décision par le manque de certitudes quant à sa culpabilité ainsi que la durée de son séjour en prison (23 ans). L'annonce de cette décision relance les débats sur la culpabilité ou l'innocence du principal intéressé, dont certains estiment que sa condamnation a permis de protéger d'autres personnes plus haut placées que lui. D'après un sondage réalisé par l'agence Median pour Česká Televize, 54 % des personnes interrogées approuvent la grâce présidentielle, tandis que 36 % y sont opposées, les 10 % restants n'ayant pas d'opinion à ce sujet.