L’Union des sidérurgistes menace de fermer les usines du pays

Les entreprises du secteur de la sidérurgie s’opposent au projet de l’Union européenne d’augmenter les taxes sur les émissions de gaz à effet de serre.

Le projet de réforme du système européen d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre fait trembler l’Union des sidérurgistes (Ocelářská unie). Son directeur Daniel Urban a affirmé hier que plusieurs entreprises seraient prêtes à quitter le pays si la réforme était adoptée, car les émissions de gaz leur coûteront trop cher pour rester compétitives sur le marché. Plusieurs dizaines de milliers d’emplois sont concernées.

Le nouveau système, qui doit être adopté en février par le Parlement européen, prévoit  d’augmenter les taxes sur les émissions de gaz de 2021 à 2030. Pour les entreprises du secteur de la sidérurgie, ce sont plusieurs milliards de couronnes de taxes qui pourraient être imposées chaque année. Les deux plus gros acteurs, Třinecké železárny et ArcelorMittal Ostrava, seraient les plus touchés par la réforme. Selon les calculs du directeur général de Třinecké železárny Jan Czudek, cela pourrait coûter jusqu’à « 3,8 milliards de couronnes par an. Pourtant la somme des bénéfices des deux entreprises [en incluant ArcelorMittal Ostrava] pour 2016 est de seulement 2,7 milliards. » Le président du conseil d’administration de l’Union des sidérurgistes ajoute : « Dans ce cas, à moyen terme il n’est pas logique de maintenir en République tchèque la production de fonte et d’acier. »

Les entreprises réclament plus de soutien de la part de l’Etat, puisque leurs concurrents situés hors de l’Union européenne ne payent pas de taxe sur leurs émissions. La Chine, la Russie, l’Iran et l’Inde concentrent la majorité des industries du secteur. « La République tchèque est l’un des seuls pays de l’Union européenne qui n’a pas de mécanisme de compensation [pour le paiement des taxes] », affirme Jan Czudek. « Le système fonctionne en Allemagne, en France et en Slovaquie et nous voulons bientôt entame des négociations avec le gouvernement sur ce thème. »

Le système de taxe pour les émissions a été mis en place par l’Union européenne en 2005 pour inciter les entreprises à réduire la pollution de l’air. Des quotas d’émission sont fixés, et les entreprises les plus polluantes peuvent acheter un droit à polluer pour ne pas devoir réduire leur activité. La Commission européenne veut durcir les règles pour suivre les objectifs annoncés par l’UE lors de la conférence de Paris sur le climat en 2015 : les quotas d’émission seront baissés de 2,2% par an, pour atteindre en 2030 40% d’émissions de moins qu’en 2005.

Photo : arcelormittal.cz