Eglise Saint-Jean-Népomucène : la loi sur la restitution des biens religieux en application et en question

L’église Saint-Jean-Népomucène a été restituée à l’Eglise catholique cette semaine, en application de la loi sur la restitution des biens religieux. Une loi qui est loin de faire l’unanimité dans le pays le plus athée d’Europe.

Votée en 2012 et applicable depuis le 1er janvier 2013, la loi sur la restitution des biens aux Eglises divise les Tchèques depuis la chute du communisme. Elle impose à l’Etat de restituer 56% des biens qu’il a pris aux Eglises sous le communisme, mais aussi de leur verser une compensation pour les biens ne pouvant être restitués, qui s’élève à 59 milliards de couronnes, versés sur 30 ans. Avant d’être validé, le projet de loi a en effet été longuement discuté au cours des vingt dernières années. Car il s’agit à la fois de rendre justice aux religions spoliés, mais également pour l’Etat de conserver une manne financière importante. Difficile ainsi de mettre d’accord un pays où la moitié de la population déclare ne croire en aucune religion.

L’église Saint-Jean-Népomucène, à Zelená Hora (près de Žďár nad Sázavou, Vysočina) reflète les questions que la loi ne peut effacer. Depuis qu’il a confisqué les lieux, l’Etat a investi environ 90 millions de couronnes pour entretenir l’église et ses annexes, pour permettre la visite d’un site touristique très fréquenté : environ 50 000 visites par an, dont la moitié payantes. Au total, ce sont 200 000 hectares de terrain et 2500 bâtiments qui ont été confisqués par l’Etat entre 1948 et 1989, dont la valeur est estimée à environ 137 milliards de couronnes. Tandis que l’Etat ne peut se permettre de perdre une telle propriété, la question est cruciale pour l’autonomie économique des Eglises catholique, protestante et orthodoxe, toutes trois concernées par la loi.

Parmi toutes les négociations sur la restitution des biens, la cathédrale Saint-Guy, au cœur du château de Prague, propriété de l’Etat et demeure du président de la République, cristallise les tensions du fait de son importance symbolique et, encore une fois, économique, en raison des nombreux touristes présents chaque année.

Photo : Czech Tourism