La polémique enfle entre la République tchèque et la Pologne au sujet de la viande avariée

Une partie de la viande incriminée a été servie dans des restaurants tchèques.

Alors que les services vétérinaires polonais affirmait jusqu’à présent que la viande issue de l’abattoir de Kalinowo n’avait pas été vendue en République tchèque, les services sanitaires ont découvert que 300 kilogrammes ont bien été importés. 137 kilos ont été retrouvés dans des restaurants tchèques. Pire, certains restaurants de luxe à Prague vendaient la viande de bœuf polonaise comme des steaks argentins (justifiant ainsi un prix de 1000 couronnes pièce), d’après les services de contrôles vétérinaires (Státní veterinární správa, SVS).

Le ministre de l’Agriculture Miroslav Toman a confirmé l’information devant la Chambre des députés. 80 contrôles ont été effectués la semaine dernière, mais aucun échantillon ne s’est révélé avarié. Des tests plus spécifiques doivent toutefois encore avoir lieu. Le ministre a déjà déclaré ne pas faire confiance aux déclarations des services vétérinaires polonais, dont la version des faits change régulièrement selon lui. Il a appelé la population à consommer du bœuf tchèque et indiqué que la République tchèque pourrait prendre des mesures sanitaires exceptionnelles qui pourraient limiter voire interdire le commerce de viande bovine polonaise dans le pays. Cette option doit d’abord être revue par la Commission européenne.

La polémique sur le bœuf polonais fait suite au reportage d’un journaliste polonais qui a filmé en caméra cachée le travail au sein d’un abattoir de Kalinowo, pour la chaîne de télévision TVN24. Il y a découvert que les animaux y étaient régulièrement maltraités et que des morceaux de viande avariés étaient normalement utilisés sur les chaînes de production. 9,5 tonnes de viande ont ainsi été commercialisés, dont un tiers a été vendu dans l’Union européenne. L’abattoir a fermé ses portes suite à ces révélations.

La Pologne produit 560 000 tonnes de bœuf chaque année et en exporte 85%, principalement vers les autres pays de l’Union européenne. Le prix de la viande bovine polonaise a déjà chuté à cause de cette affaire et le secteur pourrait perdre jusqu’à 3,6 milliards de couronnes d’après les estimations de Jacek Zarzecki, président de l’Association des éleveurs, cité par Reuters.

Photo : AF