Angela Merkel suscite un tollé après ses propos sur les Sudètes

La Chancelière allemande a subi les critiques de toute la classe politique tchèque après avoir estimé que le déplacement des Allemands des Sudètes était injuste et immoral. 

Selon Angela Merkel, le déplacement de la minorité allemande vivant dans les Sudètes en 1945 était injuste. « Pour l'expulsion, il n'y avait aucune justification, ni morale, ni politique », a-t-elle déclaré lors d'un discours à la mémoire des Allemands déplacés. Ses propos ont été rejetés par la plupart des dirigeants politiques tchèques. Le président Miloš Zeman a exprimé son « profond désaccord » et affirmé que l'expulsion des Allemands hors de Tchécoslovaquie (mais aussi de Pologne et de Hongrie) était légitimée par la conférence de Potsdam. 

Le Premier ministre Andrej Babiš a lui aussi condamné la déclaration de la Chancelière, « surtout à un moment où nous commémorons les horreurs de Heydrich : Lidice, Ležáky et l'assassinat de nos parachutistes. » D'après le chef du gouvernement, « il y a actuellement en Allemagne une lutte politique interne et il est vraiment regrettable de rouvrir de vieilles blessures qui sont pour nous inacceptables. » Le ministère des Affaires Etrangères estime également que les propos d'Angela Merkel visent le public allemand bien plus que Prague et que l'incident n'a pas lieu d'être. 

Mais les vives réactions qu'ont suscité la déclaration allemande rappellent que le sujet est toujours aussi sensible, plus de 70 ans après les décrets Beneš qui ont permis d'expulser les minorités allemandes en confisquant leurs biens à partir de 1945. 2,9 millions de personnes qui s'étaient déclarées allemandes lors d'un recensement en 1930 ont perdu la nationalité tchécoslovaque et ont été expulsées. Entre 15 000 et 30 000 d'entre elles n'ont pas survécu au voyage. Au niveau européen, ce sont entre 12 et 14 millions d'Allemands qui ont été sommés de rentrer dans leur pays à l'issue de la Seconde guerre mondiale. 

Photo : Tchéquie Matin