La stratégie trouble d’Andrej Babiš pour gouverner

Le Premier ministre multiplie les annonces mais semble plutôt se préparer à des élections anticipées, en espérant renforcer le pouvoir du mouvement ANO à la Chambre des députés.

Dimanche dernier, le Premier ministre Andrej Babiš déclarait sur Česká Televize vouloir discuter avec le parti civique ODS à propos de la formation d’un gouvernement de coalition. La nouvelle a suscité un tollé à droite, le parti ODS réaffirmant l’impossibilité de gouverner avec le mouvement ANO. Les sociaux-démocrates (ČSSD) ont également critiqué cette stratégie, puisque le Premier ministre avait annoncé dans un premier temps vouloir négocier avec eux.

Hier, Andrej Babiš a de nouveau rebattu les cartes, en annonçant des « discussions exclusives » avec le parti social-démocrate jusqu’au 10 avril prochain. Il souhaiterait mettre en place un gouvernement de coalition, toujours minoritaire au sein de la Chambre des députés, mais avec le soutien du parti communiste (KSČM). Pendant ce temps, Tomio Okamura annonçait que son parti d’extrême-droite SPD était prêt à gouverner avec ANO où à soutenir son gouvernement, affirmant que de nombreux points rapprochaient leurs programmes respectifs.

Il est donc difficile d’y voir clair pour le moment, et la stratégie d‘Andrej Babiš semble de jouer avec les divisions de l’opposition pour renforcer sa position dominante à la Chambre des députés. La formation d’un gouvernement semble vouée à la même impasse qu’en janvier, et l’hypothèse d’élections anticipées prend chaque jour davantage d’ampleur. Le mouvement ANO reste loin devant ses adversaires dans les sondages, et les dernières annonces du gouvernement devraient lui permettre de conforter cette avance.

Le Premier ministre multiplie les annonces telles que des réductions d’impôts, une hausse des retraites et des salaires dans l’éducation, ou des réductions sur les billets de train pour les retraités et les étudiants. Avec les promesses de construction d’infrastructures, ce sont plus de 60 milliards de couronnes qui seraient dépensées pour ces projets. Une somme surprenante alors qu’Andrej Babiš refusait régulièrement des rallonges budgétaires aux autres ministres lorsqu’il était ministre des Finances, leur reprochant notamment l’an dernier leur incapacité à épargner.