Après les élections, la difficile formation d’une coalition gouvernementale

Le mouvement ANO aura fort à faire pour trouver des partenaires dans une coalition stable.

Si ANO a écrasé la concurrence lors du scrutin des 20 et 21 octobre derniers, sa victoire l’a placé dans une impasse : le mouvement d’Andrej Babiš a remporté un nombre de sièges importants à la Chambre des députés (78) mais ne peut compter sur la présence d’une deuxième force politique importante à ses côtés, ce qui complique sa tâche pour obtenir la majorité de 101 sièges nécessaire à la formation d’un gouvernement.

Le 20 novembre prochain, le président Miloš Zeman nommera le milliardaire au poste de Premier ministre, sans surprise. A charge ensuite à Andrej Babiš de former un gouvernement et d’obtenir la confiance de la Chambre des députés. Une tâche plus complexe qu’elle n’y paraît, tant la défiance des autres partis vis-à-vis d’ANO est grande. Si l’ancien ministre des Finances veut éviter une coalition tripartite, il devra trouver un terrain d’entente avec le parti libéral ODS (Parti civique et démocratique), ce qui semble improbable tant ODS a basé sa campagne sur le rejet de la politique d’ANO de ces dernières années, tandis que ses dirigeants ont réaffirmé après le vote leur refus de s’allier avec ANO.

Il ne faudra donc pas un mais deux alliés pour le parti vainqueur des élections. Et les recherches pourraient être infructueuses. Si Andrej Babiš a affirmé hier sur idnes.cz que son parti a des idées « proches d’ODS, du mouvement STAN [Indépendants] et des Pirates », il a cité les trois mouvements politiques les plus virulents à son encontre. Le milliardaire n’exclut pas de collaborer avec le parti d’extrême-droite SPD (Liberté et démocratie directe), mais il semblera alors encore plus difficile de trouver un troisième parti qui accepterait une telle alliance. Faire revivre la coalition sortante, avec les sociaux-démocrates (ČSSD) et les chrétiens-démocrates (KDU-ČSL) semble également compromis.

Il est possible qu’aucune coalition ne voie le jour d’ici un mois. D’après la Constitution, le président a alors le choix entre donner une seconde chance au Premier ministre pour obtenir la majorité à la Chambre des députés, ou nommer un autre Premier ministre. Il serait alors possible de voir émerger un « gouvernement technique », en attendant éventuellement la tenue de nouvelles élections. Une situation que le pays a connu en 2013, quand le président Zeman a nommé Jiří Rusnok au poste de Premier ministre. Ce gouvernement n’a toutefois pas obtenu la confiance de la Chambre des députés, convoquant les élections anticipées alors remportées par les sociaux-démocrates, devant le mouvement ANO.

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