Bohuslav Sobotka annonce sa démission du gouvernement

Le Premier ministre a déclaré cet après-midi qu'il démissionne, en raison de la crise politique entre sociaux-démocrates et mouvement ANO. Le gouvernement complet devra quitter ses fonctions également.

La crise qui couvait depuis de longs mois a finalement atteint le point de non-retour. La mise en cause du ministre des Finances et leader du mouvement ANO Andrej Babiš, soupçonné de conflits d’intérêts, a été la goutte d’eau faisant déborder un vase déjà bien rempli. Celui-ci a été sommé par le Premier ministre Bohuslav Sobotka de s’expliquer à propos des accusations de fraude fiscale dont il fait l’objet, mais son argumentation n’a pas suffi à restaurer un minimum d’unité au sein du gouvernement.

Bohuslav Sobotka a donc présenté cet après-midi la démission de son gouvernement. « Je ne peux pas assumer la responsabilité de Premier ministre dans une situation où le vice-Premier ministre et ministre des Finances est un homme dont le passé est si peu clair et dont les soupçons d’évasion fiscale sont si nombreux », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre devait se prononcer sur le renvoi ou non d’Andrej Babiš en raison des accusations de fraude fiscale dont il fait l’objet. Il a finalement écarté cette option, refusant de permettre au leader du mouvement ANO de « jouer le rôle du martyr. » La démission sera présentée au président Miloš Zeman, qui devra décider de la marche à suivre. Des élections anticipées pourraient être organisées (les prochaines élections sont prévues pour le 20 et le 21 octobre prochains), mais un nouveau Premier ministre pourrait également être nommé, à moins que les trois partis de la coalition gouvernementale (sociaux-démocrates, ANO et chrétiens-démocrates) ne parviennent à un nouvel accord de coalition pour les quelques mois restants avant les élections. Le président pourrait également nommer un Premier ministre de transition pour la création d’un gouvernement « technique ». Il l’a déjà fait lors de la nomination de Jiří Rusnok en 2013, après la démission du Premier ministre Petr Nečas, poursuivi pour corruption.

Les tensions au sein du gouvernement Sobotka ont débuté lorsqu’un rapport de l’Inspection des Finances (Finanční správa) a montré qu’en 2012 l’entreprise Agrofert, alors détenue par Andrej Babiš, a payé 87 millions de couronnes d’impôts de moins que ce qu’elle aurait dû dépenser. En cause, l’émission d’obligations d’une valeur d’une couronne, qui n’est pas imposée, pour lever des fonds supplémentaires. Le ministre des Finances aurait alors racheté sa propre entreprise pour 1,5 milliard de couronnes, en évitant de payer la totalité des impôts nécessaires à une telle transaction financière. Une telle levée de fonds doit pouvoir être justifiée par la situation financière de l’entreprise ou par une stratégie de développement spécifique. 

Alors qu’une enquête pour fraude fiscale a été ouverte lundi, Andrej Babiš a répondu à la demande de Bohuslav Sobotka d’expliquer sa version des faits. Le Premier ministre n’a toutefois pas apprécié ces explications et les a qualifiées de « pamphlet politique. » Il a affirmé avoir pris seul la décision de démissionner.

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