Des Tchèques créent une nouvelle micro-nation

Un oiseau toutes ailes déployées, la boule ronde et orange du soleil à l'horizon d'eaux tranquilles. Voici ce que l'on peut voir sur le drapeau du Liberland, cette nouvelle nation créée le 13 avril dernier.

 

Envie de liberté? Exaspéré par la corruption galopante et alarmé par la montée des extrêmes et du terrorisme? Postulez-donc à la citoyenneté de Liberland, cette nouvelle micro-nation de sept kilomètres carrés (à ne pas confondre avec un micro-Etat, reconnu officiellement) fondée par un politicien tchèque. Ce nouveau « paradis », à la lisière du beau Danube bleu, drapeau aventureusement planté entre Serbes et Croate est en effet en plein recrutement de citoyens. Là-bas, selon son site officiel qui y présente tous les constituants d'un pays – lois et constitution à venir…- , vous serez à l'abri des communistes, nazis… et taxes encombrantes.Pour tenter sa chance, rien de plus simple : rendez-vous sur le site qui vous accueille du sourire Colgate de deux trentenaires, donnant plutôt l’air d’une publicité pour Curaprox ou un crédit immobilier qu’une invitation à joindre une « République constitutionnelle aux quelques éléments de démocratie ».

Pourtant, Vít Jedlička, son fondateur et président, est bien loin d’apparaître comme un imposteur, possédant une formation en sciences politiques solide (CEVRO) et plusieurs années d’expériences en tant que membre du parti des citoyens libres dans la région de Hradec Kralové. Ne croyant pas en l’Europe ni au socialisme, cette idée du Liberland serait née d'un ras-le-bol, d'après propos recueillis par le Times suite à une interview téléphonique, quant à l'impossibilité de réformer de l'intérieur une politique tchèque marquée par la corruption. N'importe qui serait donc éligible à la citoyenneté liberlandienne, excepté intolérants et extrémistes, son président prônant la liberté mais dans les limites éclairées du paradoxe de la tolérance.

Les caractéristiques de ce nouveau coin de pays où il ferait bon "vivre et laisser vivre" selon la devise des sept habitants actuels ? Le respect de l'autre et de la propriété privé ; et surtout, l'exemption possible de taxes, qui, d'après son créateur et président ne reviennent jamais à l'intérêt public:  « Nous avons été déçus de notre gouvernement qui prélève l’argent des poches des gens pour le donner aux riches oligarques au travers de subventions", peut-on lire en anglais – l’une des deux langues officielles de ce nouveau pays – sur le site officiel.   "Aucune élection ne peut changer ceci parce que les médias sont à présent sous contrôle des oligarques. Nous avons donc décidé de sortir de ce système. Nous avons décidé de créer notre propre pays en « Terra Nullius », une zone qui n'est revendiquée par aucun pays, ajoute Vít Jedlička.

Car le Liberland est installé sur une bande de terre de sept kilomètres carrés, laissés à l'abandon par la Croatie et la Serbie, aucun des deux pays n'ayant souhaité annexer cette zone inhabitée. Le nouveau pays, qui aurait déjà reçu plus de 250 000 demandes de citoyenneté selon son président, souligne que les impôts seront facultatifs, « pour réduire le rôle de l’État au minimum, pour faire l’État aussi petit que possible ».

Bien que la reconnaissance du Liberland par la communauté internationale est encore loin d'être actée, la nouvelle micro-nation relance les débats sur la corruption et l'efficacité des hommes politiques et de l’État en général.

Agnès André