Les commémorations de la libération du camp d'Auschwitz, source de tensions tchéco-polonaises

La Pologne a manifesté son désaccord après que la République Tchèque a décidé d'organiser une cérémonie pour les Juifs victimes du nazisme aux mêmes dates que les 70 ans de la libération du camp d'Auschwitz.

C'est l'organisation, par le Congrès juif européen, d'une rencontre appelée "Let my people live", qui a attisé les tensions. L'événement a été organisé à trois reprises dans le passé et notamment deux fois à Cracovie, lors des 60e et 65e anniversaires de la libération du camp d'Auschwitz. Cette année, le Congrès juif européen a choisi d'organiser cette rencontre à Terezín, où un camp de concentration a également existé. L'objectif était également d'y inviter les 46 pays signataires de la "déclaration de Terezín", un document ayant pour but de faciliter la réparation des préjudices subis par les Juifs sous le nazisme.

Profitant de l'impact de la commémoration, le président tchèque a invité les chefs d’État et de gouvernement des quatre grands pays vainqueurs de la Seconde guerre mondiale (États-Unis, Royaume-Uni, Russie et France). Si chacun d'entre eux a finalement décliné l'invitation, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sera toutefois présent. Au-delà de la date choisie (les 26 et 27 janvier), c'est l'invitation du président russe qui suscite la désapprobation polonaise. "Du point de vue de Varsovie, il existe deux problèmes. Le premier est que le président tchèque Zeman organise à Prague une manifestation qui concurrencera les cérémonies d’Auschwitz. Et le second est qu’il a invité officiellement le président russe Vladimir Poutine", a expliqué à Česká Televize Roman Imielski, rédacteur en chef adjoint du quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

Le même journal citait également un collaborateur de la présidente du Conseil des ministres, qui affirmait que "les Tchèques, qui ne sont pas partisans de sanctions dures contre la Russie, font un cadeau à Poutine en organisant des célébrations concurrençant celles que prépare la Pologne au musée d’Auschwitz. C’est étrange." Le gouvernement tchèque a tenu à apaiser les tensions en soulignant que l'organisation du forum à Terezín s'était faite sur demande du Congrès juif européen et en collaboration avec le Parlement européen. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka se rendra par ailleurs à Auschwitz pour participer à la cérémonie polonaise de commémoration de la libération du camp.

Photo : Wikipédia