Miloš Zeman s'oppose à l'idée de nommer un Premier ministre issu d'une coalition

Le chef de l'Etat veut nommer un chef de parti à l'issue des élections législatives d'octobre. 

Le président Miloš Zeman a affirmé lors d'une interview au quotidien Mladá Fronta Dnes ne pas vouloir nommer Premier ministre le responsable d'une coalition lors des prochaines élections. Le chef de l'Etat s'exprimait en particulier à propos d'une éventuelle alliance entre le mouvement ANO et le parti social-démocrate (ČSSD) qui gouvernent ensemble depuis 2014 (jusqu'en 2017 avec le parti chrétien-démocrate KDU-ČSL et depuis 2017 avec le soutien du parti communiste). Ce projet de coalition entre les deux partis reste hypothétique, le Premier ministre Andrej Babiš ayant auparavant affirmé que sa formation politique n'avait pas besoin de chercher des soutiens avant les élections. 

Mais la position de Miloš Zeman sur les coalitions pose question, car deux alliances devraient se présenter lors des élections législatives d'octobre. A droite, les partis ODS, Top 09 et KDU-ČSL ont officialisé leur union. A gauche, le Parti pirate et le mouvement STAN finalisent les derniers accords pour se présenter sous la même bannière. Pour le chef de l'Etat, ces coalitions ne sont que des "bouées de sauvetage pour des partis qui n'intégreraient peut-être pas le Parlement. C'est-à-dire STAN, les chrétiens-démocrates et Top 09."

Cette volonté de choisir un Premier ministre au sein du parti qui aura le plus gros score semble avantager le mouvement ANO. Bien qu'affaibli depuis le début de la crise sanitaire et battu aux élections régionales de l'an dernier, le parti d'Andrej Babiš reste en tête des sondages (25% des intentions de vote en décembre selon l'institut Kantar). Et si aucun parti d'opposition n'est en mesure de passer devant tout seul (le Parti pirate obtient 20% d'intentions de vote, ODS 11,5%, STAN et le SPD 10,5%), la coalition Pirates-STAN pourrait potentiellement finir en tête des élections (la coalition de droite était créditée de 19,5% d'intentions de vote en décembre. Il n'existe pour l'instant aucune estimation pour la coalition de gauche, dont l'existence n'est pas encore tout à fait officielle). Et comme rien dans la Constitution n'oblige le président de choisir le vainqueur des élections comme Premier ministre, on peut s'inquiéter de la volonté du chef de l'Etat de maintenir Andrej Babiš à ce poste coûte que coûte. 

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