Prague et Pékin mettent fin à leur jumelage sur fond de tensions diplomatiques

Le lien entre les deux capitales a duré trois ans.

La municipalité de Pékin a annoncé hier mettre un terme à son jumelage avec son homologue pragoise avec effet immédiat. Un geste qui va dans le sens de la volonté de la Ville de Prague, dont le conseil municipal avait décidé la même chose. C’est d’ailleurs en réaction au choix de Prague de mettre fin au jumelage que Pékin a agi. Si la décision a été prise avant côté tchèque, sa mise en application est plus longue.

Le jumelage avait été mis en place en 2016, en pleine période de réchauffement des relations sino-tchèques sous l’impulsion du président Miloš Zeman. Prague a voulu mettre fin à l’accord car Pékin a refusé de supprimer une clause à propose de la reconnaissance de la Chine unique, ce qui nie l’existence de Taïwan en tant qu’Etat indépendant. Une telle clause pas sa place dans ce jumelage, selon la municipalité tchèque, qui a commencé à négocier en janvier dernier pour la retirer. « Cela entraîne inutilement Prague dans des questions de politique étrangère et nous avons des problèmes totalement différents »,insiste le maire de la capitale Zdeněk Hřib (Parti pirate).

C’est donc finalement Pékin qui a mis fin au traité, sans que cela n’inquiète Prague outre mesure. Du côté de la capitale tchèque, on affirme que la coopération économique et culturelle n’était pas active et que la Ville ne perdrait rien. Le choix de Prague a été critiqué cette semaine par le ministre des Affaires Etrangères Tomáš Petříček. « Je pense que même Prague ne devrait pas avoir l'ambition de s'immiscer dans la politique étrangère tchèque », a-t-il déclaré. Le Premier ministre Andrej Babiš a été plus critique, soulignant que 650 000 touristes chinois visitent Prague chaque année. Le président Miloš Zeman a également condamné le choix de la capitale.

Pékin a vivement critiqué la décision pragoise. En parallèle de l’annonce de la fin du jumelage, les dirigeants de la capitale chinoise ont affirmé que « depuis novembre 2018 les dirigeants de la nouvelle coalition de Prague ont ignoré les règles fondamentales des relations internationales et du consensus international. En dépit de l’opposition de la partie chinoise, ils ont régulièrement pris position à propos des intérêts chinois à Taïwan et au Tibet, ce qui constitue une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Chine et une violation délibérée de son jumelage avec Pékin. » 

Photo : Tchéquie Matin