Andrej Babiš de nouveau dans la tourmente à propos du « Nid de cigogne »

Les soupçons de corruption autour des subventions reçues pour la construction d’une ferme moderne ont pris une nouvelle ampleur à la suite de déclarations du fils du Premier ministre.

C’est un témoignage clé, qui peut faire pencher l’enquête dans un sens comme dans l’autre. Andrej Babiš junior, le fils du Premier ministre, a été interrogé par les journalistes de Seznam. Pendant l’entrevue, il a affirmé avoir signé un document à propos du « Nid de cigogne » (« Čapí hnízdo ») sans savoir de quoi il s’agissait. Il a ajouté avoir été emmené de force en Crimée, alors qu’il était hospitalisé à l’Institut national de santé mentale (Národní ústav duševního zdraví) pour des problèmes psychologiques, l’objectif étant de le faire disparaître temporairement.

Aucun document ne permet de corroborer les déclarations du fils du chef du gouvernement. L’enquête pour enlèvement a elle-même été classée par la police. Mais Andrej Babiš junior, qui vit en Suisse avec sa mère, n’a pas encore été interrogé par la police tchèque au sujet de l’affaire qui touche son père. Et sa voix compte tout particulièrement : au moment où les subventions de l’Union européenne (54 millions de couronnes) ont été distribuées pour le projet de ferme du « Nid de cigogne », c’est le fils qui était officiellement copropriétaire de l’entreprise ZZN Agro Pelhřimov, qui dirigeait le projet.

Le groupe d’agroalimentaire Agrofert, dont le Premier ministre était alors propriétaire, ne pouvait pas recevoir les fonds européens, qui étaient destinés aux petites entreprises. Andrej Babiš père est soupçonné d’avoir falsifié les documents pour que ses deux enfants, sa compagne et son frère deviennent les propriétaires officiels de ZZN Agro Pelhřimov et pour qu’Agrofert puisse bénéficier des subventions européennes.

Le Premier ministre a, sans surprise, démenti les déclarations de son fils. Pestant contre ce qu’il juge être une campagne de déstabilisation à son encontre qui vise à le faire quitter la vie politique, il a affirmé à Radiožurnál qu’il ne quitterait pas son poste de chef du gouvernement. Mais la Chambre des députés pourrait lui forcer la main : hier, les six partis d’opposition ont réclamé sa démission et ont appelé le parti social-démocrate (ČSSD), membre de la coalition au pouvoir, à se séparer de son allié ANO.

Au sein du ČSSD, aucune décision n’a été prise pour le moment, mais aucun scénario n’a été écarté. Le parti communiste, qui soutient la coalition sans en être un membre actif, est pour l’instant resté silencieux. Les trois partis détiennent ensemble 108 voix sur 200 à la Chambre des députés. Le revirement de l’un d’entre eux pourrait faire basculer la majorité et ouvrirait la porte à un vote de confiance qui pourrait faire chuter le gouvernement.