L'adoption de l'euro, un sujet de moins en moins tabou

Vieux serpent de mer, l'utilisation de la monnaie unique pourrait s'imposer petit à petit dans l'économie tchèque. 

Depuis l'entrée de la République tchèque dans l'Union européenne en 2004, la question de l'adoption de l'euro revient de manière régulière. Hors de propos lors des premières années, elle a suscité une levée de boucliers lors de la crise économique grecque, quand l'ensemble de la zone Euro est venue en aide à Athènes. Depuis, les responsables politiques tchèques repoussent l'adoption de la monnaie unique (prévue dans les traités d'intégration à l'UE) aux calendes grecques. 

Si les ministres successifs sont aussi peu enclins à rapprocher la République tchèque de l'euro, c'est en partie car la population n'y est pas prête. L'opinion publique y a toujours été défavorable, mais la donne pourrait changer dans les prochaines années. Un sondage d'Eurobarometer montre que 44% des Tchèques sont favorables à l'adoption de l'euro. Si cela reste minoritaire (55% sont contre, le reste ne se prononce pas), c'est tout de même plus du double qu'en 2020 (21% d'opinions favorables et 71% d'opposants). 

L'adoption de l'euro pourrait finalement se faire de manière naturelle dans le futur. Le groupe Škoda, la plus grande entreprise du pays, a annoncé qu'il ferait commerce en euros à partir de janvier 2023. Les entreprises tchèques qui travaillent avec le constructeur automobile n'auront d'autre choix que de marcher dans ses traces. Et un effet boule de neige est à prévoir, puisque l'industrie automobile représente 10% de l'économie tchèque. 

Mais le groupe Škoda n'est pas seul. Selon la Banque centrale tchèque (Česká národní banka, ČNB), près de la moitié des prêts aux entreprises sont contractés en euros plutôt qu'en couronnes. Une tendance renforcée par le faible taux d'intérêt directeur de l'euro, qui rend les prêts dans cette monnaie plus avantageux que les prêts en couronnes. 

L'adoption de la monnaie européenne n'est toutefois pas pour tout de suite. Le monde politique reste très mitigé à ce sujet et seul le parti Top09 s'est ouvertement prononcé en faveur de l'euro. Du côté du Parti civique ODS, leader de la coalition au pouvoir, c'est le refus de l'euro qui prédomine. Et, quoi qu'il arrive, la République tchèque devra mettre ses indicateurs économiques en conformité avec les exigences de la zone euro. Selon les prévisions actuelles, l'adoption de l'euro ne pourrait pas avoir lieu avant le 1er janvier 2030.