Le gouvernement s'empêtre dans sa réforme de baisse des impôts

La réduction d'impôts voulue par le gouvernement risque de causer d'importants problèmes budgétaires. 

C'était une promesse à laquelle le Premier ministre Andrej Babiš tenait particulièrement. La suppression du salaire "superbrut" devait permettre à tous les travailleurs de payer moins d'impôts, et ce dès janvier prochain. Jusqu'à présent, le calcul de l'imposition des salariés se basait sur l'addition du salaire brut et des charges sociales pour l'employeur. Le taux d'imposition, fixé à 15% du salaire, se situe ainsi autour de 23,1% en réalité. 

Avec la réformé proposée par le chef du gouvernement, ce salaire "superbrut", instauré en 2008, devait disparaître au profit d'un taux d'imposition à 15%, et 23% pour les plus gros salaires (plus de 140 000 couronnes par mois). Selon les projections effectuées par le gouvernement, l'ensemble des salariés doit sortir gagnant de cette réforme. En revanche, une telle réforme aurait un fort impact sur les finances publiques : 130 milliards de couronnes de manque à gagner pour l'Etat. 

Mais l'impact financier devrait être plus important que prévu, car une autre modification a été validée par les députés quelques minutes auparavant. Le député du Parti pirate Mikuláš Ferjenčík a proposé que les réductions d'impôts pour chaque contribuable soient indexées sur le salaire brut moyen de l'année précédente et non plus sur le plafond actuel de 24 840 couronnes. Pour l'an prochain, cela signifierait un plafond à 34 125 couronnes. Le manque à gagner pour l'Etat sur cet aspect n'a pas pu être comptabilisé car personne n'avait imaginé que cette proposition et la suppression du salaire "superbrut" seraient retenues en même temps. 

Pour cette raison, le parti social-démocrate a refusé de soutenir la réforme, arguant que le déficit budgétaire pour l'année prochaine était trop grand pour se permettre des largesses supplémentaires. Vendredi dernier, le mouvement ANO a pu finalement bénéficier de l'aide du Parti civique ODS et du parti d'extrême-droite SPD pour faire passer le texte de loi. Et bien que le président Miloš Zeman ait déjà assuré Andrej Babiš de son soutien (le président a un droit de veto sur chaque loi votée par le Parlement), le Sénat devrait retoquer la réforme et renvoyer le gouvernement à ses calculs fiscaux. Si c'était le cas, il ne resterait plus assez de temps pour appliquer la baisse d'impôts dès janvier prochain, d'autant plus que le budget pour 2021 (déjà largement déficitaire) a déjà été voté.