Árstíðir : un morceau d’Islande en République Tchèque…ou l’inverse ?

Quel lien entre une île circonscrite de mers et la République Tchèque cerclée des terres européennes? Du festival de films nordiques au 14ème « jour de l’Islande » à Prague  en passant par une exposition photo à Frýdek-Místek (Moravie-Silésie) ou la tournée du groupe de folk-rock Árstíðir, dont le dernier album Hvel doit beaucoup à la Moravie-Silésie, l’Islande souffle ces derniers temps un tsunami de frais sur la République Tchèque.

L’onde du silence… Dans la salle du Kulturní Dum d’Ostrava-Jih, on hésite à applaudir, magnétisés par les sons tantôt feutrés tantôt fulgurants de ces cinq Lamartine du folk-rock islandais, insidieux comme brume découvrant paysage solitaire, comme lumière mouvante d’aurore boréale.

D’aurores boréales en centrales électriques

Ce ne sont pourtant pas dans les seules ondes magnétiques des lueurs de l’hémisphère Nord qu’Árstíðir puise ses ambiances fantomatiques et ses voix flottantes mais tout autant dans les courants électriques : « nous avons été en résidence dans une centrale électrique désaffectée, ce bâtiment était comme vivant, il produisait lui-même des sons un peu effrayants, qui ont été la source de notre inspiration », raconte l’un des chanteur – allure mi-Viking, mi-bûcheron.

Quoi de plus naturel, donc, que d’emprunter au paysage industriel de la région moravo-silésienne pour le visuel de leur CD ? C’est en effet en présence de l’artiste Vladimir Půlpána, originaire d’Ostrava, qu’Árstíðir a arrosé en champagne ce dernier opus – « selon la tradition tchèque ». Le photographe, auteur pour l’occasion d’un univers de métal aux couleurs froides à la lisière de la science-fiction, a choisi le fameux ou Vítkovice pour base de son travail ; lieu autrement connu pour abriter le célèbre événement musical estival - Colours of Ostrava.

Hvel : entre deux hémisphères

Des industries aux forêts et de l’Islande à Ostrava, on aurait pu penser qu’il y avait peu de liens. Mais sur scène se mêlent sans accroc et dans la continuité d’un univers en tierces mélancoliques et tonalité mineure titres de 10 ans d’âge et derniers morceaux : adeptes d’une poésie organique où tout évolue –leur musique incluse - c’est à la frontière de deux « hémisphères », titre de Hvel leur dernier album, que les membres d’Árstíðir oscillent. Tombés amoureux de la République Tchèque au fil de leurs tournées régulières, ils ont ainsi composé la majeure partie de ce dernier à Rožnov pod Radhoštěm, au cœur des Beskydy, massif bordant les cheminées d’Ostrava.

Car ce n’est pas l’été islandais qu’Árstíðir – ou « saisons » en islandais – évoque par exemple dans le morceau « Days and nights » mais bien l’été tchèque qui rythme donc leurs tournées, comme l’explique le claviériste qui se verrait bien plus tard « vivre en République tchèque d’écriture… et de bière locale ( évidemment !) ». Achevant sur un chant a capella des îles Féroé, les voici donc démontrant que le folk ne se nourrit pas que d’un sol unique. Après une série de trois dates en République Tchèque (Prague, Ostrava et Broumov), Árstíðir continue sa tournée en Autriche.

Et pour plus d’Islande, venez jeter un coup d’œil à la  14ème édition du « jour de l’Islande » ce prochain 11 avril à Prague, consacrée cette année à la littérature.

Agnès André

Photo : Arstidir