Milan Kundera sort son premier livre traduit en tchèque depuis 1993

L'auteur, qui s'était exilé en France en 1975 et a commencé à écrire exclusivement en français dans les années 1990, a longtemps refusé que ses romans soient traduits en tchèque. 

La réconciliation entre l'auteur Milan Kundera et la République tchèque a pris une nouvelle forme. Hier, son roman Slavnost bezvýznamnosti (paru en France en 2013 sous le titre La fête de l'insignifiance) a fait son entrée dans les librairies tchèques. Il s'agit du premier ouvrage dont Kundera a autorisé la traduction depuis qu'il écrit en français, dans les années 1990. La nouvelle a fait grand bruit et les libraires affirment que la demande des lecteurs est particulièrement importante. 

La parution de ce roman sonne comme un symbole pour cet auteur qui n'a jamais fait confiance aux traducteurs. Victime d'une mauvaise expérience lors d'une traduction non-officielle de l'un de ses écrits, Kundera avait par la suite refusé que quiconque traduise ses œuvres, craignant de les voir dénaturées par le changement de langue. 

A cette défiance s'ajoutait une légère rancœur envers son pays natal. Forcé d'émigrer en 1975, Milan Kundera avait alors (comme chaque émigrant à l'époque) perdu sa nationalité tchécoslovaque. Devenu Français en 1981, il avait conservé une certaine défiance vis-à-vis de la Tchécoslovaquie puis de la République tchèque. Les choses ont changé l'an dernier : le 28 novembre 2019, Milan Kundera a reçu des mains de l'ambassadeur de République tchèque la preuve de sa nationalité tchèque. 

Le retour dans les librairies du plus grand auteur contemporain du pays est une aubaine pour toutes les parties. Mais ce sont peut-être les lecteurs qui vont en plus en profiter. Le dernier roman de Kundera édité en tchèque jusqu'à présent était Nesmrtelnost, paru en 1993 (paru en français sous le titre L'immortalité en 1990).