Le gouvernement veut lutter contre la formation de ghettos en aidant les communes à investir

Les zones d’exclusion sociale se multiplient à travers le pays, sans qu’une solution n’ait été mise en place depuis des années.

 

En visite à Ústí nad Labem, le Premier ministre Andrej Babiš a assuré hier vouloir lutter contre la formation de ghettos. Selon lui, l’Etat pourrait à l’avenir aider au rachat de logements endommagés, qui sont souvent loués comme des logements normaux aux personnes les plus pauvres.  L’arrêt de ce « business de la pauvreté » est une priorité pour le chef du gouvernement. De nombreuses entreprises imposent des loyers exorbitants aux personnes les plus pauvres, qui n’ont pas les moyens de payer. C’est alors l’Etat, via des aides sociales pour le logement, qui paye ces loyers. La ministre des Affaires Sociales Jaroslava Němcová a expliqué travailler sur un programme de subvention pour les municipalités, pour les aider à racheter les bâtiments concernés. Un autre projet de loi, plus avancé, prévoit de plafonner les loyers.

Des propositions qui laissent sceptique le directeur de l’Institut pour l’inclusion sociale, Martin Šimáček. « Le gouvernement actuel a jusqu’à présent préparé un concept selon lequel il veut renouveler le ghetto géré par l’Etat », a-t-il déclaré sur Česká Televize. Selon lui, le problème ne sera pas éradiqué mais simplement déplacé, et les personnes les plus pauvres pourraient être privées d’aides de l’Etat. Il souhaite également qu’un travail soit mené pour empêcher les maires de pousser les personnes socialement exclues hors du territoire de leurs communes, par exemple en construisant des logements sociaux loin des centres-villes.

« Les gouvernements ont ignoré ce problème depuis les années 1990 et ne l’ont pas résolu », ajoute Martin Šimáček. « La loi sur le logement social fait toujours défaut en République tchèque. » Cette loi devrait entrer en vigueur en 2021, d’après les prévisions du gouvernement d’Andrej Babiš, après avoir été repoussée par plusieurs gouvernements précédents. Le nombre de zones socialement exclues est passé de 310 en 2006 à 606 en 2014. Toutes les régions sont concernées par cette hausse, principalement celle de Karlovy Vary et la Moravie-Silésie. La région d’Ústí nad Labem est celle qui compte le plus de ce type de zones.

Photo : Wikipédia