La pression sur Andrej Babiš s'intensifie
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- Published on Wednesday, 05 June 2019 00:39
- Written by Jerome Paquet
Un audit de la Commission européenne affirme qu'Agrofert doit rendre les subventions reçues. Dans le même temps, des dizaines de milliers de manifestants réclamaient la démission du Premier ministre.
Pour la Commission européenne, cela ne fait plus guère de doutes : il y a bien un conflit d'intérêts pour Andrej Babiš, entre son poste de Premier ministre et la direction de l'empire de l'agroalimentaire Agrofert, dont il a officiellement vendu les parts qu'il possédait lors de son entrée en politique. D'après l'audit mené par Bruxelles, l'entreprise aurait bénéficié frauduleusement de 450 millions de couronnes de subventions européennes à partir de 2017. Une somme qu'elle devra, si les faits sont confirmés, rembourser. Si le chef du gouvernement continue de nier en bloc les accusations, la pression se fait de plus en plus forte, entre possibles poursuites judiciaires et démonstrations à répétition, comme celle d'hier soir.
Les organisateurs espéraient 100 000 manifestants, leur objectif a été plus que rempli. 120 000 personnes ont battu le pavé de la place Wenceslas, à Prague, pour réclamer les démissions de la ministre de la Justice Marie Benešová et du Premier ministre Andrej Babiš. Il s'agit de la plus grande manifestation depuis 2012 (150 000 personnes contre le gouvernement de Petr Nečas), la deuxième plus importante depuis la Révolution de Velours.
"Il n'y a pas de raisons que le gouvernement tombe", a assuré le Premier ministre, insistant sur le fait qu'il a été élu démocratiquement. Avec une pointe de cynisme, il a ajouté : "je ne m'intéresse pas [à la manifestation]. Pourquoi devrais-je la suivre ? Il fait beau, donc les gens vont voir des concerts." La coalition actuelle avec les sociaux-démocrates et le soutien du parti communiste devrait rester en place encore quelque temps, malgré les appels de l'opposition à la tenue d'un vote de confiance à la Chambre des députés. Des élections anticipées semblent toutefois improbables à l'heure actuelle, surtout qu'ANO a remporté le scrutin pour le Parlement européen il y a moins de deux semaines.