Formation du gouvernement : Andrej Babiš sous pression

Le Premier ministre, qui ne parvient pas à trouver de compromis pour pouvoir gouverner, n'est plus assuré d'avoir la confiance du président pour former un gouvernement.

Au soir du 21 octobre dernier, Andrej Babiš pouvait être satisfait. Il avait réussi son pari de faire de son mouvement ANO, fondé en 2011, la première force politique du pays, tout en écrasant largement la concurrence, et notamment les sociaux-démocrates avec lesquels il a cohabité dans le précédent gouvernement pendant quatre ans. Sûr de sa force, il pouvait facilement mener les négociations sur la formation d'un gouvernement et leur imposer sa vision de la politique. Les partis qui refusaient de discuter avec lui (sociaux-démocrates, parti civique ODS, Top09 ou encore Indépendants) semblaient alors hors du coup.

Mais le temps passe et l'ancien homme d'affaires voit sa stratégie perdre en efficacité. Alors qu'il espérait pouvoir gouverner avec le seul mouvement ANO en obtenant la tolérance de la Chambre des députés, à défaut de la confiance (et ainsi échapper aux compromis nécessaires à la formation d'une coalition), il a vu ses partenaires s'éloigner peu à peu. Seul restent le parti d'extrême-droite SPD et le Parti communiste, disposés à discuter, mais dont les programmes sont trop éloignés de celui du mouvement ANO pour pouvoir former une coalition, selon le Premier ministre.

Tandis que les sociaux-démocrates se sont retirés des dernières négociations, la confiance autour d'Andrej Babiš s'effrite peu à peu. Le ministre de la Justice Robert Pelikán a annoncé vouloir quitter la vie politique, et d'autres cadres d'ANO comme le ministre des Transports Dan Ťok considèrent les discussions avec le SPD comme une ligne rouge à ne pas franchir, sous peine de quitter le parti.

Le Premier ministre doit rencontrer le président Miloš Zeman, qui pourrait être réticent à lui demander une troisième fois de former un gouvernement et pourrait être tenté de nommer quelqu'un d'autre issu du mouvement ANO pour sortir de l'impasse. Andrej Babiš a annoncé dans les colonnes de Lidové Noviny qu'il accepterait une telle décision, alors qu'il affirmait jusqu'à présent le contraire et refusait d'être remplacé par un autre membre de son parti. Mais cette évolution pourrait faire bouger les choses, puisque le parti civique (ODS), les chrétiens-démocrates (KDU-ČSL) et les Indépendants (STAN) ont confirmé qu'ils pourraient être prêts à gouverner avec ANO dans ces conditions.