La Chambre des députés retire son immunité parlementaire à Andrej Babiš dans l’affaire du « Nid de cigogne »

Sans surprise, les députés ont retiré l’immunité parlementaire Andrej Babiš et Jaroslav Faltýnek, soupçonnés de corruption dans une affaire de corruption dans l’attribution de subventions européennes.

L’enquête pour corruption va pouvoir avancer. Répondant à la demande de la police, la Chambre des députés a levé l’immunité parlementaire des deux protagonistes, le leader du mouvement ANO et ex-ministre des Finances Andrej Babiš (123 voix pour et quatre contre sur 134 inscrits) et le vice-président du parti Jaroslav Faltýnek (120 sur 133, cinq voix contre). Les députés du mouvement ANO n'ont pas pris part au vote. Tous deux sont mis en examen dans le cadre de l’enquête sur l’attribution par l’Union européenne d’une subvention de 50 millions de couronnes tchèques en 2008 pour la création d’une ferme moderne à Benešov, baptisée le « Nid de cigogne » (« Čapí hnízdo »).

Cette subvention était destinée au soutien des petites et moyennes entreprises. Or la ferme, détenue à l’époque par l’entreprise ZZN Agro Pelhřimov, fait partie de la holding du groupe d’agroalimentaire Agrofert, dont Andrej Babiš était propriétaire jusqu’au printemps dernier. Au moment où la ferme a obtenu la subvention, ses propriétaires étaient anonymes, si bien que l’identité de son propriétaire n’est pas claire. La police cherche à vérifier les liens entre la ferme et le groupe Agrofert : si elle appartenait au groupe lorsqu’elle a reçu l’argent de l’Union européenne, elle ne pouvait alors pas être considérée comme une petite ou moyenne entreprise et n’aurait ainsi pas dû avoir droit à la subvention de l’UE.

Les élections en ligne de mire

La mise en examen des deux hommes a eu lieu au mois d’août, mais la poursuite de l’enquête était conditionnée à la levée de leur immunité parlementaire. Celle-ci ne faisait guère de doute, le parti ANO étant le seul à défendre les deux députés. Pour les autres, c’est l’occasion d’ébranler la confiance d’un parti nettement favori dans les sondages (entre 25% et 30% d'intentions de vote) et de convaincre les électeurs encore indécis, 51% des électeurs ne sachant pas encore pour qui voter.

« Vous ne me ferez pas taire, vous ne me ferez pas peur, vous ne m’arrêterez pas, et vous ne vous débarrasserez pas de moi. […] Je vous demande de retirer mon immunité pour que la vérité soit rétablie », a déclaré Andrej Babiš devant les députés avant le vote, jouant de son statut d’homme à abattre. L’ancien ministre des Finances, qui a justement été démis de ses fonctions en raison du flou autour de l’affaire du « Nid de cigogne », a par la suite affirmé que ce sont les électeurs qui décideront de son sort en politique, et indiqué que lui-même voterait pour la levée de son immunité.

Les événements d’hier pourraient toutefois être essentiellement symboliques. Comme l’a souligné le député d’ANO Radek Vondráček, il ne reste que 45 jours avant les élections et l’enquête se poursuivra sur une durée bien plus longue. Si Andrej Babiš et Jaroslav Faltýnek venaient à être élus députés dans quelques semaines (un scénario tout à fait probable), la Chambre des députés pourrait avoir à décider de lever leur immunité parlementaire à nouveau pour faire progresser l’enquête.