Crise politique : Sobotka seul contre tous

Remis en cause par la coalition jusqu'au sein de son propre parti, le Premier ministre subit également l'attitude du président Zeman.

Il voulait faire tomber Andrej Babiš, il risque désormais d'être le grand perdant de la crise politique. En mettant sa démission dans la balance, le Premier ministre Bohuslav Sobotka a joué cette semaine son va-tout pour déstabiliser son adversaire et prendre le dessus avant les élections d'octobre, mais il pourrait finalement passer ses derniers jours dans les plus hautes sphères politiques. La faute à un manque de soutiens, à un Andrej Babiš indéboulonnable, et à un président hostile.

L'annonce de la démission du chef du gouvernement a difficilement été comprise par les Tchèques. Selon un sondage de l'entreprise Median pour Český Rozhlas, les deux tiers des personnes interrogées considèrent que c'est une erreur. Seuls 25 % défendent le Premier ministre et 9 % ne se prononcent pas. Mais si la population n'a pas compris le geste de Bohuslav Sobotka, c'est le cas également au sein du parti social-démocrate (ČSSD). Ayant pris sa décision seul, il a pris de cours le parti qu'il dirige, et ainsi empêché ses soutiens de se préparer à l'annonce de sa démission. Une situation qui le coupe du parti à tel point qu'il a évoqué cette semaine son possible départ de la direction de la formation politique si cela était nécessaire.

Le Premier ministre doit également compter avec l'attitude hostile du président Miloš Zeman à son égard. Les relations entre les deux hommes sont exécrables depuis plusieurs années, au point que le chef de l’État ne perd pas une occasion de rabaisser le Premier ministre. Hier, alors que Bohuslav Sobotka avait annoncé qu'il remettrait sa démission officiellement à la mi-mai par écrit et que par conséquent son entretien avec le président traiterait de la situation actuelle, celui-ci a agit comme si la démission était déjà effective. Au lieu d'un entretien privé, c'est devant un parterre de journaliste que Bohuslav Sobotka a dû s'exprimer. Le président l'a remercié pour le travail qu'il a effectué à la tête du gouvernement, avant de quitter la salle, laissant le Premier ministre parler seul devant les médias. « Je considère cette démission comme un acte désespéré », a commenté le président en fin de journée sur Barrandov TV.  

Photo : Château de Prague