Tomio Okamura, agent provocateur

Le député du mouvement Úsvit (Aube) Tomio Okamura se retrouve sous le feu des projecteurs depuis ses propos sur l’islam publiés sur sa page Facebook samedi dernier. Une stratégie de communication qu’il a déjà utilisée, avec peu de réussite.

« Chaque kebab acheté est un pas de plus vers la burqa », a notamment écrit le député Tomio Okamura sur sa page Facebook. Dans un long texte destiné à ses soutiens sur le réseau social, il a souhaité proposer ses instructions pour « pour protéger notre mode de vie démocratique et protéger le patrimoine de nos ancêtres contre l’Islam ». Par les dix idées proposées, Tomio Okamura souhaite également que les Tchèques se promènent avec des cochons de compagnie près des mosquées. Beaucoup de remous pour un pays qui ne compte que deux mosquées (à Prague et à Brno).

Accusé de racisme, de xénophobie ou encore d’incitation à la haine, le député se défend en soulignant que « rien de ce qu'[il dit] est interdit par la loi. Et nos avocats auront à nouveau du travail pour discuter de l’interprétation des formulations vagues de nos lois » . Une stratégie de communication qui entraîne de nombreuses réactions dans les médias et lui permet d’être l’homme en vue du début d’année.

Okamura n’en est pas à son coup d’essai. Par le passé, il a déjà tenu des propos sulfureux sur le camp de concentration de Lety, où ont été envoyés des Roms entre 1940 et 1943. 327 d’entre eux sont morts dans le camp et plus de 500 ont été transférés à Auschwitz, mais le leader du mouvement Úsvit a affirmé l’été dernier que « personne n’y a jamais été tué, les gens y sont morts de vieillesse et de maladie ». Il a aussi estimé que les étrangers qui perdent leur travail en République Tchèque devraient retourner dans leur pays d’origine pour ne pas pouvoir profiter des aides sociales tchèques.

Les déclarations d’Okamura pourraient toutefois ne pas suffire pour remettre son parti, Úsvit, au centre du débat politique. En juin, avant ses déclarations sur le camp de Lety, Úsvit obtenait 2,5% des intentions de votes selon un sondage du Centre de recherche sur l’opinion publique (CVVM). En septembre, seul 1,5% des personnes interrogées annonçaient vouloir voter pour le parti d’Okamura. En décembre, les intentions sont remontées à 2,5%, mais Úsvit reste assez marginal. Pire, un autre député d’Úsvit, Milan Šarapatka, a déjà annoncé qu’il n’était pas solidaire avec les propos d’Okamura sur l’islam. L’ancien diplomate, notamment ambassadeur en Algérie, a déclaré être en réflexion sur la continuité de son action politique au sein du parti.

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