La République tchèque commémore les 40 ans de la Charte 77

Le document a été publié par des opposants au régime communistes qui voulaient remettre la question des droits de l'Homme au centre des débats.

Les noms des 242 signataires de la Charte 77 ne sont pas tous encore célèbres à l'heure actuelle. Mais le document, cosigné notamment par Václav Havel, n'a pas perdu de son importance, 40 ans après sa diffusion. Rédigée le 1er janvier 1977 et rendue publique le 6 janvier, la Charte avait pour but de rappeler aux dirigeants communistes leurs engagements pris à propos des droits de l'Homme et de les mettre face à leurs responsabilités. Le texte débute ainsi par le rappel des signatures des « Pacte international relatif aux droits civils et politiques » en 1976, et « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels » en 1968, ou encore des accords d'Helsinki de 1975. « Depuis ce moment nos citoyens ont le droit et notre État le devoir de les suivre. »

L'absence de libertés d'opinion, de religion ou d'expression, ou encore la discrimination à l'embauche sont directement visées par la Charte. Soulignant les incohérences de la répression mise en place par le régime communiste par rapport aux promesses entrevues lors de la ratification des pactes sur les droits de l'Homme, les signataires de la Charte veulent également croire à la possibilité de faire évoluer cette situation. Trois porte-paroles sont nommés pour chaque année et ont pour tâche de communiquer officiellement avec le gouvernement pour donner une voix aux citoyens, tout en refusant d'être considérés comme une organisation d'opposition politique. Le terme même d'organisation est rejeté. « La Charte 77 n'est pas une organisation, n'a pas de règles, pas d'organes permanents ou d'appartenances formelles. Elle embrasse tous ceux qui sont d'accord avec ses idées. »

Au total, 242 intellectuels signent la Charte lors de sa publication. Si d'autres personnes apportent leur soutien au document, le nombre de signataires reste confidentiel. Václav Havel, le philosophe Jan Patočka et l'homme politique Jiří Hájek sont les trois principaux signataires de la Charte lorsqu'elle est rendue publique. « Nous croyons que la Charte 77 permettra que tous les citoyens de Tchécoslovaquie puissent vivre comme des travailleurs libres », affirment-ils en guise de conclusion. Hájek et Havel seront emprisonnés, tandis que Patočka décède d'un arrêt cardiaque lors de son interrogatoire par la police d’État StB. De nombreux signataires de la Charte sont également poursuivis par le régime communiste. Celui-ci publie une anti-charte, qui vise à être ratifiée par tous les artistes et intellectuels étant proches du pouvoir. La Charte est finalement dissoute en 1992, n'ayant plus de raisons d'exister.

Photo : Česká Televize